samedi 27 février 2010

Kolyma

Kolyma - Tom Rob Smith - Ed Belfond Noir

Après un premier roman (Enfant 44) écrit à l'âge de 29 ans, déjà traduit dans plus de 25 pays (sic -voir 4ème de couv) et bientôt adapté au cinéma par Ridley Scott (je crains le pire!!!), Tom Rob Smith remet le couvert avec Kolyma.

Son héros, Léo Damidov, ex-agent du MGB (ancêtre du KGB), est cette fois confronté à ses victimes directes et indirectes liées à son passé peu reluisant sous la dictature d'un Staline qui meurt pendant le premier roman.
Ses efforts de rédemption vont être contrariés (le mot est faible) par une femme qui élabore un plan machiavélique visant à détruire tous les repères de sa nouvelle vie. Et comme dans "Enfant 44", Léo devra passer par le goulag, faire des choix cornéliens et voir certains de ses proches disparaître.

Si la claque monstrueuse ressentie à la lecture du premier roman est atténuée par une légère impression de déjà-vu, cette nouvelle "aventure" de Léo Damidov tient néanmoins ses promesses avec son lot de situations glauques, de rebondissements saisissants et sa description très détaillée de la vie en Union Soviétique dans les années 50, période charnière qui voit Kroutchev commencer à installer de nouvelles bases pour le communisme.

Tom Rob Smith est Anglais, diplômé de Cambridge, a travaillé cinq ans comme scénariste (ça se sent) et prouve qu'on n'a pas besoin d'être Américain ou AnglaisE pour écrire de très bons romans noirs.
Pour être bluffé, commencez par "Enfant 44" qui vient de sortir en poche, puis confirmez avec "Kolyma" (The Secret Speech, en v.o.)

vendredi 26 février 2010

Emission du 27 février

Hank Williams: Lost Highway (1949)
Narrow Terence: Narco Corridos (sortie le 22 mars)
The Swamp: 21st Century blues (2010)
Bob Dylan: Motor psycho nitemare (1964)
Goldheart Assembly: King of Rome (sortie le 15 mars)
John Butler Trio: Don't want to see your face (sortie le 29 mars)
D & the Zepp: Zeppin town (sortie septembre 2010)
Led Zeppelin: How many more times (1969)
The Almanac Singers: Talking Union (1955)
Snuffy Jenkins: Cumberland Gap (1956)
The Rockridge Brothers: Cumberland Gap (2009)
Vess "L" Ossman: Rusty Rags Medley (1901)
Roger McGuinn: Banjo Cantata
Bascom Lamar Lunsford: Dry Bones (1928)
The Swamp: Death letter blues (2010)
Son House: Death letter blues (1965)
Ida Cox: Death letter blues (1939)
Hank Williams: The Funeral (1950)
Jimmie Rodgers: Jimmie Rodgers' last blue yodel (1933)

mercredi 24 février 2010

Le Banjo

Origines

Parmi toutes les idées préconçues, les images "d'Epinal" concernant les instruments de musique, et en particulier ceux qualifiés de seconde zone, le banjo et l'utilisateur noir au beau milieu des plantations de coton du Sud Etatsunien est certainement l'une des plus communément admises. Toutefois, l'histoire de cet instrument ne peut être dissociée (en tant que conséquence annexe) de ce que l'homme a inventé depuis des temps immémoriaux , à savoir, l'esclavage. On sait que l'instrument ancêtre du banjo traversa l'Océan Atlantique avec les Africains déportés vers le nouveau monde, mais ses origines ont toujours été sujettes à controverses.

Pandura chez les Romains, bandurria chez les Ibères ou même mandore des Français, ce luth rustique à dos plat ou arrondi va se transformer chez nous en mandoline. Mais le rebec des Arabes est également une piste, confortée par les échanges dès le premier millénaire entre la civilisation arabe et les tribus d'Afrique noire. Petit bémol concernant le rebec, dont la caisse de résonance est circulaire, mais dont les cordes sont frottées avec un archet alors que les instruments européens précités, comme d'ailleurs certains instruments d'Egypte ou de Chine, sont joués avec un plectre (l'ancêtre du médiator) ou avec les doigts. (Sans parler du khalam ou de la kora africaine).




Les Africains déportés vont reproduire, avec les moyens à leur disposition, les instruments de musique dont ils se servaient à l'origine en Afrique, mais la christianisation forcée et le contact avec d'autres types d'instruments rapportés par d'autres pseudo esclaves du nouveau monde (Ecossais et Irlandais puis Allemands, sans oublier les Amérindiens) les verront adopter et adapter selon les circonstances, le climat, la facilité de transport, les instruments de musique (mais je m'éloigne un peu du banjo).

La base classique du banjo est une caisse circulaire à fond plat recouverte d'une peau (animale aux origines) et pourvu d'un long manche sans frettes.

Dès 1678, le consul de Martinique interdit les danses et les rassemblements de "Nègres" au son des tambours et des "banza".
Au XVIIIème siècle, la culture du tabac et du coton provoque un afflux massif d'esclaves dans tous les états côtiers du sud est des Etats Unis (qui ne s'appellent pas encore ainsi) et apparaissent des descriptions de l'instrument nommé "créole-bania", "banshaw", "merry-wang", "bangier" ou "banjer".
Le premier joueur que l'Histoire retient s'appelle Billy Banjo!! (1738-1826) esclave affranchi par ses maîtres (du côté de New York) qui fabrique lui-même ses instruments.
Mais ce sont les blancs qui vont populariser l'instrument au travers des blackface minstrels show dans la première moitié du XIXème siècle. Il faut attendre la seconde moitié pour que des artistes noirs puissent être reconnus comme tels (Relisez "Menestrels" sur ce même blog).
Daniel Decatur Emmett apprend le violon (fiddle) enfant et sera plus tard banjoïste avec les Virginia Minstrels; il édite ses chansons sous le titre "Old Dan Emmit's original banjo Melodies" avec entre autres chansons "De old banjo" et "De banjo nigger".
C'est lui, le nordiste né en Ohio, qui écrira l'hymne sudiste "Dixieland" en 1859. Plusieurs origines au terme de Dixieland sont d'ailleurs admises; la première voit un maître Hollandais de Manhattan, Johaan Dixie vendre des esclaves à un planteur de Charleston. Ces esclaves regrettant leur ancien maître veulent retrouver dans le nord les terres de Dixie.
La plus technique vient de deux géomètres anglais de la fin du XVIIème siècle chargés d'établir la frontière Pennsylvanie-Maryland. Charles Mason et Jeremiah Dixon passent à la postérité pour leur Mason-Dixon Line, devenue Dixie-line-land puis contractée en Dixieland.
Plus improbable est l'origine française: "Dix" figurait sur les billets de 10 dollars imprimés en Louisiane.


mardi 23 février 2010

Un Pays à l'aube

Un Pays à l'aube (The Given day) - Dennis Lehane - Rivages Thriller

Retour à Boston pour ce roman fleuve (750 pages) de Dennis Lehane qui, poursuivant son histoire de "l'Athènes" de l'Amérique, nous plonge dans une époque charnière: la fin de la 1ère Guerre Mondiale.
Deux personnages que tout oppose au début (Luther Laurence est noir, jeune, un peu paumé, Danny Coughlin est blanc, flic au BPD) vont être amenés à se rencontrer, à partager, à se protéger alors que Boston va sombrer dans le chaos d'une émeute massive consécutive à la première grève de policiers en Amérique. Cette période historique majeure de cette ville est superbement adaptée par Lehane qui fait de Danny Coughlin, flic bien vu et promis à une brillante carrière, l'artisan involontaire de cette mini guerre civile.

Et si généralement les belles histoires, dans le roman noir ou le polar en particulier, finissent mal, celle-ci se termine plutôt bien: les deux héros sont en fait les symboles de cette prise de conscience qui amènera quelques décennies plus tard au mouvement des droits civiques.

Cerise sur le gâteau, Lehane agrémente son histoire d'un fil rouge nommé Babe Ruth, encore à l'orée de sa carrière, comme d'ailleurs son sport, le base-ball, qui, pour achever sa croissance, allait nous offrir quelques mois après la fin du roman, un énorme scandale de pots de vin qui débouchera sur la non attribution du titre cette année-là.

Lehane, après des polars purs et durs, passe au roman noir (Mystic River) puis au suspense (Shutter Island) pour nous asséner cette grosse claque dans la gueule qu'est "Un Pays à l'aube" qui installe définitivement son auteur sur le podium des écrivains américains.

vendredi 19 février 2010

Emission du 20 février

Roy Hogged: Cocaïne blues (1948)
The Hot Rats: Damaged goods (2010)
Arctic Monkeys: Dance little liar (2009)
Year Long Disaster: Show me your teeth (sortie 8 mars 2010)
Chapel Hill: Jesus is on the main line (2010)
Ange: Hors la loi (2010)
Dissonant Nation: My nurse is a bitch (2010)
La Maison Tellier: Mexico City blues (sortie 22 mars 2010)
Santiago Jimenez: Ay te dejo en San Antonio (1986)
Milton Brown & his Musical Brownies: In el Rio Grande (1935)
The Champs: Too much tequila (1960)
Onie Wheeler: Onie's bop (1956)
Onie Wheeler: Walkin' shoes (1956)
Jimmy Johnson & Al Casey & The Arizona Hayriders: How about me pretty baby (1956)
Jimmy Johnson & Al Casey & The Arizona Hayriders: Cat daddy
Johnny Burnette: The train kept a-rollin (1956)
Johnny "Guitar" Watson: Highway 60 (1953)
Little Richard: Land of a thousand dances (1967)
Johnny "Guitar" Watson: You can stay but the noise must go (1973)
Johnny "Guitar" Watson: I want to Ta-Ta you baby (1976)

vendredi 12 février 2010

Emission du 13 février

Bob Wills: Take me back to Tulsa (1941)
Chapel Hill: In my time of dying (sortie le 12 avril)
Raymonde Howard: Great minds think alike (sortie le 3 mars)
Black Box Revelation: High on a wire (1er février)
Son of Dave: Ain't nothin but the blues (2010)
Basia Bulat: Heart of my own (2010)
The Answer: Sweet emotion (2007)
Aerosmith: Movin out
The Parlor Mob: The Kids (2008)
Janis Joplin: Me and Bobby McGee (1971)
Bobbie McGee: Bread and Roses (1981)
Wanda Jackson: Searchin (1963)
Johnny Burnette Trio: Tear it up (1956)
Johnny Burnette Trio: Oh baby babe (1956)
Johnny Carroll: Wild Wild Women (1956)
Thumper Jones: Rock it (1956)
The Fendermen: Mule skinner blues (1960)
Jimmie Rodgers: Blue Yodel n°8 (1930)
DeFord Bailey: Dixie Flyer blues (1927)

dimanche 7 février 2010

Shutter Island

Shutter Island - Dennis Lehane - Rivages Thriller

Boston, début des années 50. Le marshall Teddy Daniels est envoyé en mission sur Shutter Island pour essayer de retrouver une pensionnaire "évaporée" de l'institut psychiatrique pour fous dangereux (ils ont tous au moins un meurtre à leur actif) qui occupe toute l'île située au large de Boston. Mais une tempête empêchant tout contact avec le continent va bouleverser le fonctionnement de cet établissement de haute sécurité.
L'enquête de Daniels et de son partenaire Chuck Aule part en vrille après la découverte de cryptogrammes dans la chambre de la disparue. Et que penser de l'apparente non-collaboration du personnel, des non-dits du Dr Cawley, des avertissements de certains "malades"? Et comment soigne-t-on ou espère-t-on guérir ou apaiser ceux-ci? Et si ce n'était pas le hasard qui était à l'origine de la venue de Teddy Daniels? Et quid des migraines récurrentes du marshall, séquelles des horreurs vécues et vues pendant une guerre?

Après la série consacrée au duo de détectives Gennaro/Kenzie, après "Mystic River", Dennis Lehane s'essaie au suspense ("shocker" selon ses propres termes) conclu par un twist final magistral.
Délaissant Boston (son histoire et sa géographie son récurrentes chez Lehane) pour un lieu clos, restreint, l'histoire est également restreinte en temps (4 jours) ce qui a certainement permis à Martin Scorsese de s'emparer du matériau pour une adaptation au cinéma (sortie en février 2010).
Attention, ça peut être casse-gueule comme matériau, mais ce vieux Marty, après son remake du film d'Andy Lau "Infernal Affairs"qui lui a bien réussi, est assez roublard pour nous faire le coup du film "shocker" qui ravit tant de monde aujourd'hui.

En tous cas, Dennis Lehane démontre qu'il maîtrise le suspense aussi bien que le roman noir (Mystic River), ce qui le place de fait parmi les grands auteurs américains contemporains.

samedi 6 février 2010

Emission du 6 février

Dixie Ramblers: He's an Army man (1940)
Fu Manchu: Shake it loose (2007)
Soma: Electric City (2010)
The Belmondos: A second longer (2010)
The Dead Confederate: It was a Rose (2010)
Basia Bulat: Gold Rush (2010)
The Strange Boys: Night Might
Jerry Irby & his Texas Rangers: Great long pistol (1948)
Texas Wanderers: Sundown blues (1940)
Modern Mountaineers: Getting that lowdown blues (1937)
Lone Star Playboys: Banjo Boogie (1947)
Luke Wills: The Texas Special (1947)
Leadbelly: Fort Worth 2 Dallas blues
Jimmy Rodgers: Jimmie's Texas blues (1929)
Harry James Orchestra: Texas chalter (1937)
Milt Jackson - T. Monk: Misterioso (1952)
Art Pepper: Star eyes (1957)
Jerry Kruger: Summertime (1937)