Shake, Rattle and RollMais c'est la séance du 15 février 1954 qui restera gravée dans les mémoires (et sur vinyle) avec ces trois morceaux: "Well Allright" (co-écrite par Charles Calhoun, Ahmet Nugetre et Gerry Wexler), "In the evening -when the sun goes down" (écrite par Leroy Carr) et "Shake, Rattle and Roll" (écrite par Charles Calhoun -Jesse Stone de son vrai patronyme, qui ne pouvait pas, à ce moment, contractuellement, signer de son nom véritable.). Jesse Stone est au piano (il écrit et arrange pour Atlantic "Money Honey" par les Drifters, "It should have been me" par Ray Charles, etc...), Mickey Baker à la guitare et les choeurs sont tenus par Ahmet Ertegun (inversez le nom, pour voir!!), Jerry Wexler et Jesse Stone. "Shake, Rattle and Roll" restera sept mois en tête des charts Rythm and Blues (une expression inventée par Jerry Wexler en 1949 quand il travaillait au Billboard, pour remplacer la catégorie "Race Records"): c'est l'heure de gloire pour Big Joe Turner. La version expurgée de toute connotation sexuelle, enregistrée par le yodeleur hillbilly Bill Haley, sera un plus grand succès commercial, en partie grâce à son passage en générique du film "Blackboard Jungle", tiré du bouquin d'Evan Hunter, alias Ed Mc Bain.
Big Joe enregistrera la suite de "Shake, Rattle and Roll" dans le même style: "Flip, Flop and Fly", "Hide and Seek", "Morning, noon and night", "Corrine, Corrina" et "Lipstick, powder and paint" (il apparaitra en 1956 dans le film du même nom).
Pete Johnson et lui sortiront "The boss of the Blues", album de leurs vieux morceaux favoris mais Pete manque de succomber à une crise cardiaque qui le laissera en dehors de la musique jusqu'en 1967, où il participera à quelques concerts en compagnie de son pote, avant de décéder en mars 67.
Joe Turner traversera les années 60 et 70 à la faveur de quelques revivals et hommages rendus, plus particulièrement en Europe.
Mais le coureur (il eut plusieurs femmes, une seule à la fois, rassurez-vous!), flambeur et gros buveur, à force de brûler la chandelle par les deux bouts, casse sa pipe en 1987 (d'une défaillance rénale), laissant sa dernière épouse sans un sou, endettée et incapable de payer son enterrement. C'est Ahmet Ertegün qui payera cette dernière représentation et qui, après avoir re-calculé le montant des royalties dues et des rééditions de disques, reversera pas mal d'argent pour d'autres artistes noirs dans le besoin, créant même une fondation pour aider les musiciens de rythm and blues dans le besoin.