dimanche 31 octobre 2010

Bill Monroe (1)

Une définition du bluegrass

La Country music est un terme générique englobant de nombreuses ramifications, variations issues de la provenance géographique ainsi que des origines diverses dans le temps; basiquement, les gens de la campagne se réunissaient après une semaine de labeur autour d'un feu, de la cheminée, dans un coin de la grange ou dans la petite église et se délassaient en chantant, accompagnés des instruments de musique issus de leur culture d'origine.
C'est l'industrie musicale, dont l'essor est bien entendu lié à la reproduction des différents styles musicaux en vogue à l'époque (les années 20 pour faire simple), qui a du avoir recours à des appellations pour que le public puisse savoir quel type de musique il achetait.
Au fur et à mesure qu'on avance dans le temps, les sous-genres vont essaimer comme autant de niches musicales afin de pouvoir se repérer plus facilement (il n'y a qu'à voir toutes les subdivisions actuellement utilisées dans la musique techno!).
Le terme bluegrass music est employé pour la première fois à l'écrit en 1957 alors que le style est déjà usité, "réglementé" depuis presque une trentaine d'années.
Ses racines sont l'Old Time music jouée par les habitants montagnards des Appalaches, région située dans le Sud-Est des Etats-Unis qui fut investie au départ par des colons écossais et irlandais, d'où la tradition de musiques et ballades celtiques, fuyant les persécutions de la Couronne Britannique, qui purent survivre malgré la nature hostile, le climat rude et les indigènes avec lesquels ils noueront des liens commerciaux et culturels.
Les Appalaches, chaîne de montagnes où prennent leur source les rivières et fleuves Alabama, Tennessee et Ohio (entre autres) voient les états du Tennessee, du Kentucky et de l'Ohio sur les versants ouest, les deux Virginie, la Georgie et les deux Caroline sur le versant est. Les Monts Bleus forment la chaîne du sud tandis que les monts Allegheny sont situés plus au nord, coupés dans leur élan par les grands lacs Ontario et Erié.
Ces habitants montagnards reproduisaient donc les traditions musicales, chants et danses, héritées de leur pays d'émigration ou de leurs ancêtres immigrants. Les instruments de musique utilisés, qui seront l'outillage de base pour le buegrass, étaient le le violon, la guitare, la mandoline et le banjo auxquels il faut rajouter l'harmonica, moins "roots" mais étant régulièrement utilisé dans les formations à partir des années 20-30.
Si la tradition a perduré des siècles, la découverte et l'exploitation d'immenses mines de charbon dans les Appalaches va faire venir une main-d'oeuvre nombreuse et variée, en particulier des états du Sud où le racisme est encore plus que présent, provoquant cet apport de cultures différentes chez les autochtones qui vivaient presque en quasi autarcie jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Plusieurs duos, particulièrement appréciés par le public Appalachien vont être à l'origine de cette musique, duos assez fréquemment composés de frères ou de couple mari-femme.
Les ballades celtiques des Highlands écossais sont adaptées et transformées sous l'influence du gospel, du blues et du vaudeville par les Allen Brothers, Sam et Kirk McGee, les Crook Brothers (qui étaient trois!) et quelques autres parmi ceux que l'histoire a retenu.
Leur succès était aussi du à l'antagonisme existant entre ces "montagnards" fidèles à leurs traditions et les tenants d'une "country music" plus commerciale, passée à la moulinette du western swing, des westerns chantants du cinéma et du music-hall. Les disques sortiront d'ailleurs sous l'appellation "hillbilly music", terme qui désignait avec condescendance (et mépris) les "ploucs de la montagne", les Billy de la colline.

vendredi 29 octobre 2010

Emission du 30 octobre

Larry Penn: Been Rolling so Long (1943)
Dylan Leblanc: If Time was for Waiting (2010)
Marc-André Leger: When I was a Cowboy (10 nov 2010)
Hollyrocks: This is not my Favorite Kind of Dance (1 nov 2010)
US Chrismas: Wolf on Anareta (2010)
Waterlillies: You're Strong (2010)
Jeff Lang: Home to You (2010)
Jehro: All along the Watchtower
You Am I: I can't Explain
Glasspack: TV Eye
Gideon Smith & the Dixie Damned: The Pusher
Beck, Bogert & Appice: Superstition (1973)
Jeff Beck: Goodbye Porkpie Hat (1976)
Charles Mingus: My Jelly Roll Soul

vendredi 22 octobre 2010

Emission du 23 octobre

Leadbelly: Gallis Pole (1948)
Led Zeppelin: Gallows Pole (1970)
Jeff Lang: Another one of Those Days (2010)
Let's Wrestle: I Won't Lie to You (1 Nov 2010)
Gorgeous: Unless You Shine (2010)
Waterlillies: My Rocks (2010)
Mama Rosin: Bon temps Roulé (2010)
The Dukes: Victory (album en 2011)
Dirty Fonzy: Underground City (2010)
Vultures Industries: Hangman's Hatch (2010)
Steel Mill: Blood Runs Deep (1972)
Jeff Beck: Good Bye Pork Pie Hat (1976)
Jeff Beck: Superstition (1973)
Dub Spencer & Trance Hill: Smoke on the Water (19 nov 2010)

vendredi 15 octobre 2010

Emission du 16 octobre

Solomon Burke: Hold on I'm Comin'
Solomon Burke: Uptight Good Woman
Deerhunter: Memory Boy
Waterlillies: The Seventies Age
Quest For Fire: Set Out Alone
Black Mountain: The Hair Song
Jeff Lang: South
Joensuu: Kill/Shot/Love
Jim Jones Revue: Killin'Spree
Yardbirds: A Certain Girl
John Mayall: I Can't Quit You Baby
Yardbirds: Lost Woman
John Mayall: Curly
Big Bill Broonzy: Please Believe Me
The 5 Royales: Laundromat Blues
Dave Bartholomew: Girl Town Blues
Teddy Wilson: My Man
Glenn Hartmann: Jazz Me Blues

mercredi 13 octobre 2010

Cab Calloway (4)

fin de règne et survivance

En 1950 Broadway voit le revival de l'opéra de Gershwin "Porgy and Bess" démarrer avec Cab Calloway dans le rôle de Sportin Life aux côtés de Leontyne Price, spectacle qui restera trois ans et demi à l'affiche, incluant une année complète à Londres.
Les années 60 sont des années de "survivance" avec quelques tournées en compagnie des basketteurs des Harlem Globe Trotters. En 1967 un bail de trois ans dans le rôle de Horace Vandergelder, personnage de la comédie musicale "Hello Dolly" lui permettra de rester dans le monde du spectacle, cette comédie étant entièrement montée et jouée par des noirs.
Son talent et son sens de la scène, son art de captiver le public lui vaudront de nombreux fans de tous âges qui continuent à entretenir un noyau dur de fidèles, lui permettant de se produire dans les années 70-80 dans de petits cabarets pour interprêter entre autre "Minnie the Moocher".
Cab Calloway s'éteint le 18 Novembre 1994 à Hockessin, Delaware. Le président des Etats-Unis en exercice, Bill "Cigar" Clinton, grand fan de jazz, lui rend hommage en déclarant lors d'un discours officiel: "le Hi-De-Ho Man est mort".
Son influence sur le monde de la musique se vérifia de plusieurs façons, dont cette mode typiquement française née dans les années 30 et qui perdura jusque dans les années 50: les zazous. Cab Calloway enregistre "Zah Zuh Zah" à New-York en Novembre 1933. Moins de six mois après l'enregistrement, Calloway et son "formidable orchestre nègre", dixit les critiques journalistiques de l'époque, obtient un grand succès à la salle Pleyel à Paris. Les zazous emprunteront leur tenue vestimentaire à Cab Calloway: veste longue avec martingale, poches plaquées, pantalons très courts, resserrés aux chevilles (slim comme on dit de nos jours).
Cette mode doit aussi au jazzman Freddie Taylor ( le bien nommé!) qui passera plus de temps que Cab en France.
Les filles zazous portent une jupe courte et plissée, sac en bandoulière, semelles de chaussures en bois à talon haut sans oublier un maquillage souligné.
Leur musique préférée est bien entendu le swing, la nouvelle forme de jazz qui fait passer les amateurs de Dixieland-New-Orleans pour des vieux croulants réactionnaires et les onomatopées du scat pour le nec plus ultra de l'anticonformisme, scat pourtant pratiqué depuis plus d'une dizaine d'années quand Ukulele Ike, Cliff Edwards de son vrai nom, comédien et chanteur du Missouri, enregistre "Old Fashioned Love" en Décembre 1923, morceau qui contient le premier exemple sur disque de chant scat.
Néanmoins, en 1917, le chanteur de vaudeville Gene Greene chante déjà la moitié d'un refrain en proto-scat pseudo-chinois dans son enregistrement chez Victor de "From Here to Shanghaï" signé Irving Berlin, le compositeur futur du "Star Spangled Banner", hymne des Etats-unis d'Amérique.
Pour parfaire vos connaissances sur Cab Calloway, lecture conseillée de l'autobiographie "Of Minnie the Moocher and Me" écrit en collaboration avec Bryant Rollins, édité par Crowell en 1976 dont toutes les citations de ce texte sont extraites et traduites par votre serviteur.
Merci aux notes de pochettes de disques, à l'excellent ouvrage de Bill Milkowski "Swing It, an Annotated History of Jive" édité chez Billboard Books en 2001.
Un blog en français est très bien fait, fourmille d'illustrations, d'anecdotes et de petites vidéos:
www.thehidehoblog.com.
Merci à l'ouvrage de Gérard Régnier ( que je n'ai pas encore terminé à l'heure à laquelle j'écris ces lignes) "Jazz et Société sous l'Occupation" édité chez L'Harmattan en 2009 dans la collection "Musiques et Champ Social".
Coté discographie, Sony Legacy a sorti "Are You hep to the Jive" couvrant la période 39-47 alors que chez RCA c'est "Calloway and Company" qui couvre une période plus large allant de 1931 à 1949.

vendredi 8 octobre 2010

Emission du 9 octobre

Eddie Kirk: Sugar Baby (1950)
Chris Wilson: Poor Law Blues (18 oct 2010)
Jeff Lang: I want to Believe (18 oct 2010)
The Tambling Wheels: A Song for Future Sons (2010)
Black Mountain: Old Fangs (2010)
Jim Jones Revue: Burning your House Down (2010)
Waterlillies: the Seventies Age (2010)
Yardbirds: I Wish You Would (1964)
Yardbirds: Drinking Muddy Water (1967)
Yardbirds: Steeled Blues (1966)
John Mayall: Crawling up a Hill (1964)
John Mayall with Eric Clapton: Steppin' out (1966)
John Mayall: The Death of J.B. Lenoir (1967)
John Mayall: Double Trouble (1967)
John Mayall: Waiting for the Right Time (1969)
Tony Joe White: Scratch my Back (1969)
George Thorogood & The Destroyers: Hard Stuff (2006)
Joe Bonamassa: Tea for One (2006)

mercredi 6 octobre 2010

Cab Calloway (3)

Le cinéma et la fin de règne des big-bands

Calloway fit plusieurs apparitions au cinéma. Il chante "Minnie the Moocher" et "Hot Toddy" en 1932 dans "The Big Broadcast" puis, chose très risquée à l'époque, deux hymnes à la drogue en 1933 dans la comédie de W.C. Fields "International House": "Reefer Man" pour l'herbe qui fait rire et "Kicking the Gong Around" pour la poudre à priser qui fait dire des conneries à Van Damme.
On le voit également cartoonisé avec Betty Boop, chantant "The Old Man of the Mountain", St James Infirmary" et "You Gotta Hi-De-Ho".
En 1942 il est évidemment de la partie dans le film "Stormy Weather" qui assoit encore plus sa popularité hors du circuit un peu fermé des amateurs de clubs et de musique. Dans ce film, Hollywood table aussi sur les grandes vedettes noires américaines telles que le tap-dancer (danseur de claquettes) Bill Robinson, le grand Fats Waller (par la taille et par le talent) ainsi que la chanteuse Lena Horne pour faire venir un public plus large, plus "bigarré" dans ses salles de cinéma.
La donne change un peu dans les années 50 concernant les mélanges inter-raciaux, surtout dans les états traditionnellement plus ouverts historiquement parlant et des films blacks peuvent voir le jour dans des productions respectables mais néanmoins en-deçà des grosses productions hollywoodiennes. "St Louis Blues" d'Allen Reisner en 1958 porte à l'écran la vie de W.C. Handy, ancien ménestrel reconverti en pionnier du jazz (et passablement enrichi grâce aux droits d'auteurs sur de nombreux titres qu'il s'est approprié de façon plus ou moins honorable). Ce film fait cohabiter une pléiade de grands artistes, reconnus ou en devenir: Cab Calloway bien sûr, Nat King Cole et Ella Fitzgerald dans son propre rôle, Eartha Kitt et Billy Preston enfant, lui qui jouera plus tard, fin des années 60 et début des années 70, avec des membres des Beatles et avec les Rolling Stones entre autre, excusez du peu!
Calloway apparait en 1965 dans le film de Norman Jewison ( Peckinpah avait été viré du film pour avoir voulu y intégrer des scènes un peu trop osées du goût des producteurs) "The Cincinnati Kid" dans lequel un jeune Steve McQueen se voyait donner la réplique par les matures et déjà consacrés Karl Malden et Edward G. Robinson.
Début 80, James Belushi et Dan Aykroyd lui rendent hommage dans le film "Blues Brothers" de John Landis dans lequel Cab chante, comme de bien entendu,"Minnie the Moocher".

"L'ère des big-bands s'est achevée pour moi en 1947... Je suis passé du type qui se faisait 200 000$ en une année au gars qui avait du mal à trouver un engagement. Pas de boulot, plus d'entrées d'argent. Jesus, c'était démoralisant."

Les tournées pendant la guerre avec engagements ici et là, au Coconut Grove ou au Cafe Zanzibar à New-York dont les concerts sont retransmis à la radio dans tout le pays lui permettent de supporter les temps de guerre ainsi que l'interdiction d'enregistrer sans trop de dommages. Mais en1947, Cab Calloway réduit son orchestre à un septet appelé "The Cab Jivers" composé d'Ike Quebec au saxo ténor, Al Gibson à la clarinette, Jonah Jones à la trompette, Danny Barker à la guitare, Tyree Glenn au vibraphone et Milt Hinton à la basse.
Essayant de jouer sur la nostalgie et la réussite passée il enregistre "The Hi-De-Ho Man (That's Me) puis "The Calloway Boogie", un morceau plus raccord avec les tendances du moment, le jump-blues ayant pris le pas sur le swing, prémonitoire du futur rock'nroll amorcé par des émules du maître Calloway tels que Louis Jordan, Roy Brown ou Big Joe Turner pour ne citer que quelques noms.

dimanche 3 octobre 2010

Dennis Lehane et la paire Gennaro-Kenzie (4)

La musique et Dennis Lehane

Et si l'osmose ressentie, suite à la réussite cinématographique de "Shutter Island", entre Lehane et Scorsese pouvait s'expliquer par les Rolling Stones?
Ceux-ci sont, on le sait, omniprésents dans l'oeuvre du cinéaste à tel point qu'il s'est même fendu d'un assez bon documentaire-concert nommé "Shine a Light", lui qui dans pratiquement tous ses films glisse un voire plusieurs titres des Stones, la palme revenant au morceau "Gimme Shelter" qui figure dans la B.O. de deux films. Cela peut aisément se comprendre d'un point de vue générationnel car les membres des Stones et Scorsese sont de la même génération à quelques années près; le jeune Marty a surement du faire enrager ses parents, ses copains de chambre à force de pousser le volume de sa chaine stéréo à fond quand les Stones jouaient "Street Fighting Man", "Brown Sugar" ou "Tumbling Dice".
Mais dans le cas de Lehane, né l'année où les Stones enregistraient "Aftermath", il est plus difficile d'imaginer le fan de Jagger et consorts pour quelqu'un qui avait 20 ans au milieu des années 80, décade qui négligea, méprisa et essaya d'oublier complètement ceux qui faisaient déjà figure de dinosaures.
Pourtant, surtout dans les deux premiers romans de Lehane où les références musicales foisonnent, les Stones se taillent la plus grosse part du gâteau par l'entremise de Patrick Kenzie qui ne manque jamais d'écouter ce groupe, que ce soit en voiture, au bureau et même au hasard des sélections de juke-box quand l'enquête, ou la quête de boissons alcoolisées l'amène dans un bar ou un pub.
Au bureau un ghetto-blaster lui permet d'écouter, outre les Stones, des groupes plus raccord avec son âge:"... J'ai envisagé de mettre du Dire Straits. Ou éventuellement quelque chose des Stones. Non. Jane's Addiction, peut-être. Springsteen?...Ladysmith Black Mambazo ou the Chieftains...". Ce dernier groupe est le groupe mythique irlandais comme l'origine du héros et de son auteur. Et côté irlandais on trouve du lourd avec des tubes immortels:"...le juke-box diffusait...le "Dirty Old Town" des Pogues...les Pogues avaient désormais cédé la place aux Waterboys chantant "Don't Bang the Drum"..." et sept pages plus loin "le juke-box diffusait maintenant le"Coast of Malabar" des Chieftains".
En voiture (une Porsche roadster décapotable 1959) Kenzie a bien entendu quelques Stones en réserve "...pendant tout le trajet, j'avais "Exile on the Main Street" qui se déversait dans mes haut-parleurs" mais a aussi le gout du blues:" J'avais délibérément mis une cassette de Screaming Jay Hawkins...Ce Screaming Jay, il est assez bon pour l'écouter deux fois. Bon sang, je pourrais bien arracher la touche eject et le passer en boucle."
Mais comme tous les couples-duos-partenaires on partage beaucoup de choses sans avoir forcément les même goûts musicaux. Et dans le cas de Gennaro-Kenzie c'est un duel, une opposition de goût entre la musique de "vieux" de Patrick et la musique de jeune qu'écoute Angie, source de conflit et de critiques acerbes sur le mérite ou le talent de tel ou tel artiste ou groupe: "Elle a enfoncé...la touche eject...suffisamment fort pour envoyer voler "Exile on the Main Street" comme un missile...au beau milieu de "Shine a Light", en plus. Sacrilège. -T'as pas de la New Music?".
Dans tous les romans c'est Kenzie qui narre l'histoire, c'est de son côté que fusent les critiques au sujet de certains représentants de la new Music, en particulier les Smiths et leur leader Morrissey: "La New Music...ils ont des noms comme Depeche Mode ou the Smiths, et à mes oreilles, ils ont tous le même son- une bande de crétins britanniques blancs défoncés à la Thorazine. Les Stones, quand ils ont commencé, étaient eux aussi une bande de crétins britanniques blancs et maigres, mais à les entendre on n'avait pas l'impression qu'ils étaient sous Thorazine. Même s'ils l'étaient..." ou encore "...tandis qu'un barbare choisissait dans le juke-box un titre des Smiths. Je hais les Smiths...Je préférerais...écouter un medley des chansons de Suzanne Vega et Natalie Merchant...plutôt que d'écouter trente secondes Morrissey et son groupe chanter d'un ton geignard leur angoisse d'anciens des Beaux-Arts répétant combien ils sont humains...Va donc expliquer le succès de Morrissey...".
Si Angie et Patrick ont des goûts musicaux différents, ils leur arrive néanmoins d'être d'accord sur certains choix: "...ma partenaire a fini par me convaincre qu'il existait autre chose que les Stones ou Springsteen...", "...essaie le Lou Reed, lui ai-je dit...Après avoir mis "New-York" et l'avoir écouté...elle a dit: c'est pas mal, ça. Tu l'a acheté par erreur ou quoi?"
toutefois les Stones ressortent grands gagnants de cette discographie évoquée dans les romans: "Plusieurs objets me sont tombés sur la tête. L'un d'eux était une cassette...un enregistrement pirate de Muddy Waters jouant en live avec Mick Jagger et les Red Devils."
"Sous un poster de Keith Richards...Keith l'air complètement stone -étonnant non?...une bouteille de Jack Daniels à la main, arborant un tee-shirt marqué: Jagger c'est de la merde..."
" Bon c'est vrai, je ne pourrais pas survivre longtemps sans mes CD des Stones et de Nirvana..."
"...et le vacarme baissa...jusqu'à devenir une chanson identifiable. "Let it Bleed"..."Let it Bleed" avait cédé la place à "Midnight Rambler..."
Mais la culture musicale de Lehane, par Kenzie interposé, est assez vaste, comme on a pu le vérifier plus haut, citant quelques groupes "phares des années 80-90 tels que Guns N'Roses, Nine Inch Nails, Public Enemy, des femmes rockeuses comme Chrissie Hynde, Patti Smith, Kim Deal ou Courtney Love, voire même des groupes méconnus comme Machinery Hall ou Sponge.
Si les citations musicales participent à la description très fouillée de l'environnement auditif, visuel de nos héros, c'est aussi pour faire décompresser un peu le lecteur grâce à l'alternance de moments forts, prenants et de temps morts correspondants aux déplacements entre autre, plus propices à l'humour et à la détente: "C'est ton juke-box, ai-je dit à Bubba. C'est toi qui a chargé le CD des Smiths. -Pas du tout. C'est sur une compil "le meilleur des années 80". Ya bin fallu que je supporte un titre des Smiths parce qu'y a "Come on Eileen" dessus et des tas de trucs super. -Comme Katrina and the Waves? ou Bananarama? ça c'était des groupes d'enfer. -Ecoute, il y a Nena. Alors ferme-la. -"Neun und Neunzig Luftballons" ai-je fredonné."
En conclusion, lisez Dennis Lehane, excellent auteur dont tous (je dis bien tous) les livres sont de purs bonheurs malgré les sensations fortes ressenties lors de leur lecture (bien qu'actuellement pour émouvoir le lecteur faut aller très très loin dans le trash et l'horreur). Lehane réécrira-t-il un jour un sixième tome des aventures d'Angela Gennaro et de Patrick Kenzie?
Rien n'est moins sûr au vu et lu de ses romans les plus récents, peut-être plus aboutis d'un point de vue strictement littéraire et moins marqués du sceau infamant et restrictif (polar) limitant le lectorat à un public d'aficionados du genre.
en tout cas on peut toujours rèver et espérer.

vendredi 1 octobre 2010

Emission du 2 octobre

Arthur Smith: Guitar Boogie
The Sword: Night City (USA 2010)
The Rambling Wheels: the Diciders (SUI 1er Nov 2010)
Kelley Stoltz: Rock& Roll with Me (USA 11 Oct 2010)
Jeff Lang: Home to You (AUS 18 Oct 2010)
In Vitraux: Longueur d'ondes (FRA 2010)
Waterlillies: You're strong (FRA 2010)
Charles Pasi: Farewell my Love (FRA album début 2011)
Zenzila: Les invisibles (FRA 2010)
Appletop: One More Day (FRA 7 Oct 2010)
Arthur Smith: Darktown Strutters'Ball (USA)
Milton Brown & his Musical Brownies: Darktown Strutters'Ball (USA 1935)
Bill Monroe & his Blue Grass Boys: New Muleskinner Blues (USA 1950)
Jimmie Rodgers: Blue Yodel n°8 Muleskinner Blues (USA 1930)
Steve Earle & the V.Roys: In the Jailhouse now (USA 1996)
Jimmie Rodgers: In the Jailhouse now (USA 1929)
The Hurricanes: Pistol Packin' Mama (USA 1952)
Jimmie Rodgers: Pistol Packin' Mama (USA 1931)
Milt Jackson: Flying Saucer (USA 1965)