dimanche 30 octobre 2011

Drive

Drive - James Sallis - Rivages/Noir

Le Chauffeur est cascadeur. Le jour.

Le Chauffeur est chauffeur la nuit.

Pas pour conduire des abrutis pleins de pognon en boite ou à l'hôtel, voire chez leur maîtresse mais pour transporter des braqueurs vite fait bien fait loin de l'endroit où a eu lieu le casse.

On ne connaît pas le nom du chauffeur, même si celui-ci veut le divulguer lors de sa rencontre avec Shannon, l'ex-cascadeur qui dirige des scènes de poursuites, de crash en voiture pour des films DTV, des séries de seconde zone: des séquences souvent charcutées au montage quand elles ne sont pas simplement supprimées.

Est-ce que ça vaut le coup de risquer sa vie au volant d'une bagnole quand on voit à peine le résultat à l'écran?
Rien à foutre tant que le pognon rentre et qu'on ne vit pas au-dessus de ses moyens et de ses envies.

Si le jour tout se passe bien, c'est parce que le Chauffeur est un as dans son domaine, peut-être le meilleur: "sûr que c'est le meilleur!" n'arrête pas de répéter Shannon qui est le père que le Chauffeur n'a peut-être jamais eu ou connu. Mais tout va partir en couille à la suite d'un braquage ou quelqu'un a doublé quelqu'un, mais pas en voiture.

"Drive" est un one-shot, comme "la mort aura tes yeux", écrit quelques années plus tôt. Sa trame est déconstruite, alternant passé et présent pour décrire l'action, les motivations et les événements qui ont amené les différents protagonistes à se comporter comme ils le font. Sallis glisse quelques références musicales et littéraires en citant d'illustres auteurs de romans noirs tels que Ed Mc Bain, Donald Westlake, Larry Block (Lawrence de son vrai prénom), George Pelecanos et quelques autres.


James Sallis est docteur en psychologie, écrivain reconnu. Sa biographie de Chester Himes "le plus grand écrivain afro-américain" est une somme et ses romans ayant pour "héros" Lew Griffin (6 en tout) ou John Turner (3) sont reconnus dans le monde du polar américain.

Sallis n'est pas qu'auteur de romans noirs, il écrit des poésies ("Death of Virgil", "Artaud") et est le traducteur américain de Raymond Queneau, le Queneau de "Zazie dans le métro".

"Drive" a été adapté au cinéma par Nicolas Winding Refn qui a su tirer l'essence principale du livre, épurant et simplifiant l'intrigue pour en faire un scénario béton quoique formaté pour le cinéma hollywoodien: romance surdéveloppée dans le film, unicité de lieu (Los Angeles) et scènes d'action qui dépotent.
Mais Winding Refn est un très bon et son "Drive" a certainement dû être adoubé par James Sallis.

En tout cas, le Chauffeur continue sa route, tranquille.
Une chose est sure, faut pas le chercher car son apparence inoffensive cache un vrai dur de dur.

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