jeudi 2 juin 2011

Exile on Main Street

Exile on Main Street: une saison en enfer avec les Rolling Stones.
Robert Greenfield éditions le mot et le reste

Le début des années 70 signe l'arrêt de mort définitif des sixties, pas seulement par la logique arithmétique des nombres, mais surtout à cause de la succession d'évènements qui creusent la tombe des mouvements de la contre-culture: Altamont en décembre 69, durcissement de l'engagement américain au Vietnam, séparation des Beatles, décès successifs en moins d'une année de Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrisson, montée en puissance de l'utilisation de drogues dures comme la cocaïne et l'héroïne.

Pour les Stones, installés, consacrés, la cassure ne s'apparente pas à une baisse de niveau créatif (ils sortent de "Sticky Fingers") mais à une réaction britannique anti-Stones qui peut se résumer à deux facteurs; leurs frasques passées et présentes leur valent d'être la cible privilégiée de n'importe quel "bobby" (flic anglais) qui veut se payer un Stones et le fisc anglais leur réclame des arriérés d'impots énormes.
En effet leur tranche de revenus imposables est de 83% par Livre sur le revenu salarial et de 98% sur les revenus non salariaux. Au bas mot, chacun d'entre eux doit un peu plus de cent mille Livres au fisc anglais (déjà épinglé par les Beatles dans le morceau "Taxman").
Et comme en Angleterre il faut payer avant le 1er Avril, c'est peu ou prou à cette époque de l'année 1971 que les Stones émigrent en France où ils pourront rester un an moyennant une garantie de dépenses de 150 à 200000 Livres qui leur vaudra une exemption d'imposition sur leurs revenus de la part du fisc français.
Or, des cinq membres, le petit nouveau Mick Taylor n'a pas gagné autant d'argent que les autres et n'a donc aucune raison de quitter l'Angleterre; il ralliera quand même le sud de la France avec sa jeune femme et leur fille âgée de trois mois.

Direction la Côte d'Azur, à Nellcote pour Keith Richards, une villa édifiée au XIXème siècle, tout près de St-Jean Cap-Ferrat. C'est d'ailleurs pas loin de là que la princesse Grace de Monaco trouva la mort dans un accident automobile.
Nellcote sera le lieu de villégiature de Keith, d'Anita Pallenberg et de beaucoup d'autres invités mais sera aussi le studio d'enregistrement monté de bric et de broc dans les caves humides, mal aérées, mal alimentées en réseau électrique (ils feront sauter les plombs du quartier plus d'une fois), studio où sera enregistré le double album "Exile on Main Street", album encensé par tous à présent mais qui à l'époque a eu un peu de mal à décoller après le succès de leur disque précédent,"Sticky Fingers", resté au top des charts pendant près de six mois avec des singles tels que "Brown Sugar" ou "Bitch"; de plus le format double album était assez rare à et coûtait logiquement deux fois plus cher.
Ajouté à tout ça un départ en catastrophe de keith et Anita pour cause d'inculpation pour trafic de drogue, une détox mouvementée en Suisse (et l'accouchement d'Anita), des trafiquants corses fournissant l'héroïne marseillaise, un cambriolage où plus d'une dizaine de guitares sont fauchées, un va-et-vient permanent de potes , de pique-assiettes et de personnalités , l'entrée dans la peopolisation des Stones avec le mariage de Bianca et Mick à St-Trop', d'avril à la presque fin d'année c'est une tranche de vie( et de morts ultérieures) qui ressort de cet ouvrage de R. Greenfield, jeune correspondant pour le magazine "Rolling Stone" qui, l'année suivante suivra en spectateur privilégié la tournée américaine chargée de promouvoir la sortie d'"Exile" et de rabibocher les Stones avec les USA, source majeure de revenus pour Mick le financier.

Ce bouquin est très fortement recommandé.

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