Dans la liste des musiciens injustement délaissés par les critiques, oubliés des tablettes, voire, méprisés par l'intelligentsia musicale inrockuptible, le gros Joseph Vernon Turner a certainement une place de choix. Si son heure de gloire fut occultée au profit d'un ex-disc jockey blanc passé à la country yodelisante puis aux prémisses de ce qui a été appelé rock n' roll (Bill Haley l'opportuniste) , sa carrière mérite un hommage autrement plus sérieux que quelques parenthèses ou annotations servies pour faire mousser un texte et son auteur.
Kansas City, Missouri
Joseph Vernon Turner naît le 18 mai 1911 dans une famille sans aucune tradition musicale, contrairement à la majorité des musiciens jazz, blues ou country, qui commencèrent très jeunes, aidés ou poussés par un ou des parents qui pratiquaient déjà un instrument.
Heureusement, son beau-frère, Charlie Fisher, est pianiste et joue dans des bars locaux. A l'époque, Kansas City est, pendant les années de Prohibition, presque l'égale de Chicago dans le Midwest en ce qui concerne l'alcool, les femmes et le jeu. Mais ce sont surtout les grands noms qui y passèrent, s'y installèrent, durant cette période, qui firent de Kansas City une place forte de la musique, un terreau pour les évolutions du jazz et des artistes.
Et si c'est Charlie Fischer, qui essayant ses nouvelles chansons sur le piano des Turner, a allumé l'étincelle dans les yeux et les oreilles de Joe, ce sont le hasard et la nécessité qui l'ont poussé à monter sur scène. Le père de Joe meurt lorsqu'il a 15 ans: il est alors obligé de travailler et va de petits boulots en petits boulots (cireur de chaussures, vendeur de journaux, cuistot d'hôtel, comme son défunt père). Sa passion pour la musique lui vient également des disques qu'il écoutait à la maison, en particulier Bessie Smith, Clarence Rand et celle qu'il vénérait entre tous: Ethel Waters.
A l'âge de seize, dix-sept ans, il se met à fréquenter le Backbiter's Club pour écouter Pete Johnson, pianiste de boogie woogie. Lui qui n'avait alors chanté que dans la rue avec des potes armés d'instruments rudimentaires (vieux banjo rafistolé, cruche (jug), tuyaux de gaz semi bouchés) franchit le pas de porte du Backbiter's Club, aidé par son beau-frère qui y était également videur et par une moustache dessinée sur son visage avec l'eye-liner de sa mère pour paraitre plus vieux (l'âge légal pour entrer en boite est fixé à 20 ans) et après s'être plusieurs fois fait rembarrer par les musiciens, il réussit à monter sur scène pour chanter quelques blues qu'il avait expérimenté dans la rue.
La mayonnaise prend et il se voit offrir, à 18 ans, un contrat pour chanter tous les week ends.
De 1929 à 1933 (fin de la Prohibition), Turner et Johnson vont tourner à Kansas City au Black & Tan, où Turner officiera également comme barman et bootlegger. Puis ce sera au Cherry Blossom et au Sunset Club. Le Sunset Club était l'endroit où jouait également l'orchestre de Count Basie, ainsi que Coleman Hawkins, Ben Webster, Lester Young, pour des jams qui duraient toute la nuit, pavant la voie pour d'autres évolutions du jazz qui ne nous regardent pas (pour l'instant!). Turner et Johnson, ainsi que le batteur Murl Johnson, tournèrent dans le Midwest après la fin de la Prohibition, passant par St Louis, Omaha et même Chicago. C'est en 1936 que John Hammond qui voulait embaucher Count Basie propose à Joe Turner de monter à New York.
SITE EN COURS DE REFONTE !
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Bonjour toutes et tous ce site seb de Radio FMR – Toulouse est en cours de
reconstruction… Merci pour votre patience !
Il y a 2 mois
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