mardi 26 avril 2011

Life

Life - Keith Richards et James Fox - Editions Orion Books

Ahhh! Les Rolling Stones!
Ça fait presque 50 années que ce groupe tourne, enregistre et entretient aussi bien les pages people que les tabloïds trash d'outre-Manche. Les Stones ont traversé l'histoire du rock avec fulgurance, génie et intégrité. Qu'ils aient bercé votre enfance à coup de "Satisfaction", de "Honky Tonk Woman" ou de "Sympathy For The Devil", qu'ils aient donné l'impression de vieux dinosaures dépassés par la déflagration punk-new-wave fin 70 début 80, qu'ils aient ravivé la nostalgie d'une jeunesse passée, perdue à coup de méga-concerts dans des stades de football durant les années 90-2000, les Stones ont réussi ce dont peu de groupes de rock peuvent se vanter: être restés eux-mêmes, jouant le même style de musique tout en gardant le même line-up (à l'exception du guitariste soliste: Brian Jones puis Mick Taylor puis Ron Wood) et le même noyau créatif à l'origine de la formation du groupe.

Si beaucoup de biographies sont déjà sorties dont celle de Stanley Booth "Keith: standing in The Shadows" essentielle pour comprendre le groupe dès ses origines ou celle de Tony Sanchez "up And Down With The Rolling Stones", plus dispensable car plus langue de pute, du côté autobiographie, exception faite des 2 bouquins de Bill Wyman, c'était le calme plat et surtout l'attente d'écrits émanant du duo connu et auto nommé "The Glimmer Twins", Mick Jagger et Keith Richards.
C'est ce dernier qui grille la politesse à son ami, à son frère ( c'est Keith qui le dit dans le livre) de plus de 50 ans et sort cette "Life" très attendue par plusieurs générations de guitaristes rock.
Ce pavé de plus de 500 pages est co-écrit avec James Fox, journaliste devenu ami assez intime de Keith dès les années 70. Et le père Richards nous entraîne dans le roman de sa vie depuis sa petite enfance (naissance pendant la guerre, solitude de l'enfant unique), racontant son adolescence tourmentée due en partie à un physique chétif, malingre qui lui vaudra de nombreuses dérouillées à l'école ou en dehors, sa découverte de la musique grâce à son grand-père, la claque énorme qui détermine son envie de jouer du rock lors de la diffusion de "Heartbreak Hotel", sa rencontre en plusieurs parties avec Mick Jagger.
Un Jagger décrit comme assoiffé de pouvoir, de contrôle sur les autres, usant de séduction (pas uniquement sur la gent féminine ou pour le sexe) pour arriver à ses fins. Un Jagger qui s'avère en même temps être un song-writer génial capable de "torcher" le morceau "Brown Sugar" en trois-quarts d'heure sur un coin de table de mixage à Muscle Shoals.

Keith, malgré de nombreux désaccords de tout ordre inhérents à une presque vie de couple reconnaît que Mick est le frère qu'il n'a pas eu ("he's my mate, my brother"), frère qui se sentira trahi quand Keith se liera d'amitié avec d'autres tel Gram Parsons, révélant une jalousie extrême envers ceux qui tissaient des liens trop étroits avec son pote Keith.
Il raconte et replace dans le contexte de l'époque l'utilisation des drogues, son addiction à l'héroïne, rétablit la vérité en ce qui concerne les légendes Richardsiennes telles que le changement de sang en Suisse, le sniffage des cendres de son défunt père et propose une explication très plausible quant à la mort de Brian Jones, explication pas raccord du tout avec les ragots, suspicions et non-dits qui ont suivi ce décès.

Ces 550 pages vous feront voyager dans le monde du rock-circus pendant plus de 4 décades, un monde où l'aristocratie côtoie l'avant-garde artistique, la pègre britannique et les légendes du rock, un monde que Keith, en observateur avisé, parfois cynique ou sarcastique, décrit sans langue de bois, usant d'un humour typically british dans ses descriptions de certaines anecdotes.
Jerry Lee Lewis a déclaré:" Il n'y a que trois stylistes dans la musique: Jimmie Rodgers, Hank Williams et moi!". J'ajouterais Keith Richards à cette liste tant au fil des pages de cette "Life" on se rend compte du lien sacré qui unit l'homme à sa musique, à la musique en général.

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