dimanche 19 septembre 2010

Dennis Lehane et la paire Gennaro-Kenzie (2)

Les histoires:




"Un Dernier Verre avant la Guerre" Rivages noir 380


Dans cette première aventure du duo Gennaro-Kenzie on fait la connaissance des protagonistes, de leur lieu de travail, un bureau installé dans le clocher d'une église .


La mission qui leur est confiée par deux sénateurs de l'état est de retrouver une femme de ménage noire qui aurait "emprunté" des documents relatifs à un discours très important visant à faire voter une nouvelle loi. Mais ces documents semblent intéresser d'autres personnes, à tel point qu'un tueur à gages essaiera de neutraliser Kenzie et la femme de ménage pour les récupérer L'histoire va dégénérer en guerre des gangs et laisser sur le carreau quelques dizaines de protagonistes.


Lehane développe également dans ce roman une double trame à propos de l'affrontement père-fils à travers la relation que Kenzie entretient avec son père mort (voir première partie) et la relation qui unit et sépare ses principaux adversaires.


le dénouement de l'histoire va aussi distendre les relations entre Kenzie et les forces de l'ordre, Devin étant l'exception qui confirme la règle pour les aventures à venir.



"Ténèbres, Prenez-moi la Main" Rivages noir 424


Après s'être "fait la main" avec son premier roman, Lehane passe à la vitesse supérieure. Appelés par une psychiatre pour surveiller et protéger son fils, les détectives vont plonger dans une affaire de tueur en série qui crucifie et démembre ses victimes (entre autres raffinements macabres), de vengeance ourdie depuis une prison, de vigilantes qui font justice de manière implacable.

Cette affaire permet à Lehane "d'éliminer" les obstacles entre Angie et Patrick pour leur permettre de se retrouver intimement et de démarrer leur relation de couple. L'auteur arrive à renouveler le genre polar sérial-killer grâce à une vision non manichéiste du bien et du mal, thème qui sera récurrent dans les ouvrages à suivre.


"Sacré" Rivages noir 466


La précédente aventure, très sombre, a laissé des traces physiques et psychologiques. Gennaro et Kenzie vont un peu "lever le pied" pour cette histoire plus légère, plus traditionnelle, à la lisière du roman d'espionnage.

Un milliardaire atteint d'une maladie incurable, à qui il ne reste que quelques mois à vivre, kidnappe nos deux héros pour s'attacher leurs services et retrouver sa fille disparue, seule légataire de son immense fortune après la mort de sa femme dans un accident de voiture (enfin pas exactement un accident!).

Mais si la piste d'une association qui pourrait très bien cacher les ramifications d'une secte ( les mécanismes décrits ressemblent à ceux d'une secte bien implantée aux Etats-Unis dont les ambassadeurs sont souvent acteurs à Hollywood) sert plus à Lehane, par la voix de ses protagonistes, à critiquer et à démonter les rouages de cette organisation, c'est la recherche en Floride de l'enquêteur ex-mentor de Kenzie chargé avant lui du même travail qui aidera nos personnages à dénouer l'écheveau de cette histoire où les cadavres ne manquent pas, où les victimes peuvent se transformer en coupables.

Plus "léger" que les précédents romans,"Sacré" nous fait remonter aux origines du roman noir de "privé" non sans abandonner l'humour sarcastique, un brin désabusé qui allège la noirceur des situations subies par nos détectives.



"Gone, Baby, Gone" rivages noir 557


S'il existe un sujet qui exerce sur le lecteur une empathie automatique, en particulier quand celui-ci est parent, c'est bien évidemment l'enfance abandonnée, maltraitée, meurtrie, assassinée. Tant que les victimes dans les polars sont des adultes, peu importe le nombre ou la manière, aussi crade, aussi horrible ou perverse soit-elle dont elles souffriront ou mourront, cela n'égalera jamais l'horreur ou la douleur ressentie face à la mort ou aux sévices infligés à un enfant.

Dans "Gone, Baby, Gone" une petite fille âgée de quatre ans disparait de chez elle comme d'ailleurs de nombreux enfants aux Etats-Unis chaque année. Après une solide enquête de police, Gennaro et Kenzie se voient confier l'enquête alors qu'à première vue tout a été fait, et même plus que d'habitude, pour essayer de retrouver la petite Amanda.

Leur réticence initiale due en partie à l'attitude très peu maternelle de la mère se transformera en intérêt quand la vie légèrement dissolue de celle-ci paraitra être une bonne piste pour remonter aux ravisseurs ayant demandé une rançon.

De fausses pistes les mèneront au coeur de cette Amérique "white-trash" pour un dénouement somme toute très saisissant et inattendu qui aura des conséquences sur leur association affective et professionnelle.



"Prières pour la Pluie" Rivages noir 612


C'est la dernière aventure parue du "couple" Gennaro-Kenzie" qui débute avec un Patrick Kenzie en solo, séquelle du dénouement de "Gone, Baby, Gone", alors que Angela Gennaro travaille dans une compagnie de sécurité aux personnes (garde du corps quoi!).

Quand Karen Nichols vient confier son problème à Kenzie à propos d'un harceleur sexuel récidiviste, Patrick ne se doute absolument pas qu'une journée de travail et d'intimidation active (avec l'aide de Bubba) ne suffira pas pour empêcher les ennuis de Karen, sa descente aux enfers conclue par un saut mortel du 26e étage en tenue d'Eve six mois plus tard.

Culpabilisé par un message téléphonique assez anodin laissé par Karen quelques mois avant son plongeon mais effacé par erreur, Kenzie va essayer d'en savoir plus, savoir ce qui peut transformer une jeune étudiante un peu nunuche sur le point de se marier en obsédée sexuelle se prostituant pour payer sa came juste avant le grand saut ans le vide.

Mais en fouillant, on tombe parfois sur des secrets de famille qui ravivent les plaies du passé et ça, Kenzie en connait un rayon. Il sollicitera néanmoins l'aide d'Angie pour cette ultime enquête à ce jour dont la conclusion ne satisfait moralement ni les héros ni le lecteur.


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