mercredi 11 février 2009

Le Phonographe

La mémoire est la faculté de conserver et de se rappeler des sentiments éprouvés, des idées, des connaissances antérieurement acquises.
Dans le cas de la musique, textes et lignes mélodiques ont souvent fait les frais de la mémoire défaillante, du souvenir tronqué.
C'est donc pour remédier à tout ça que l'homme, aidé par les progrès de la technique, s'est évertué à essayer, d'abord en couchant sur le papier (mais tout le monde ne savait pas lire) puis en imaginant des machines capables de reproduire les chansons, ballades et orchestrations.
En 1857, Edward Leon Scott de Martinville, ouvrier typographiste, éditeur, fabrique et fait breveter une machine qui trace les ondulations d'ondes sonores sur un cylindre de carbone qu'on actionne à la main, qu'il appelle le phonautographe. Le dispositif comprend un pavillon relié à un diaphragme qui recueille les vibrations acoustiques transmises à un stylet qui les grave sur une feuille de papier, enduite de noir de fumée, enroulée autour d'un cylindre rotatif.
Cette machine pouvait donc enregistrer mais pas reproduire. Ce n'est que l'année dernière qu'une équipe américaine a réussi à "lire" les cylindres de Martinville et peut proposer une écoute de 11 secondes de "Au clair de la lune" probablement interprété par une femme.

Vingt ans plus tard, Charles Cros émet l'idée, non expérimentée, du phonographe. La même année, Thomas Edison (qui n'en loupe pas une quand il s'agit de brevet) écrit qu'il a découvert les principes de la reproduction mécanique du son. Un brevet est accordé en février 1878 pour sa machine qu'il appelle phonographe. Deux mois plus tard, l'Edition Speaking Phonograph Company est constituée en société commerciale à Norwalk, Connecticut.
De son côté, la Volta Laboratory Association (qui deviendra Columbia) de Graham Bell, Chichester et Charles Tainter expérimente le phonographe appelé graphophone en 1880; le premier cylindre en carton recouvert de cire est fabriquée par Tainter en 1886.
En 1887, les rivaux Bell et Edison fondent respectivement l'American Graphophone Company et l'Edison Phonograph Company, sociétés rachetées l'année suivante par un investisseur en bourse pour créer la North American Phonograph Company, liquidée elle-même en 1896.
Edison qui sort donc son modèle de phonographe à moteur électrique crée sa propre société qui lui appartiendra jusqu'en 1929, la National Phonograph Company, suite à la faillite de NAPC.

Emile Berliner avait déjà fabriqué quelques boites à musique pour enfants quand il met au point un disque plat, technique qu'il nomme phonogravure. Il fonde la National Gramophon Company en 1897 mais fut contraint d'arrêter sa production de disques en 1900 suite à un procès intenté par Edison pour violation du brevet. Ce fut une des raisons qui poussèrent Berliner à la ruine. Il vendit une licence à ce qui allait devenir Victor puis, après un mariage fructueux, RCA-Victor.
Pourtant, c'est bien le support choisi par Berliner qui allait emporter la mise.
Pour le cylindre de cire: l'enregistrement du son se fait sur une spire hélicoïdale parcourant le cylindre sur toute sa longueur, l'enregistrement du sillon est fait en profondeur.
Pour le disque plat qui apparait avec le XXème siècle, du fait de l'enregistrement en profondeur comme sur les cylindres, les galettes sont très fragiles. Le saphir de forme sphérique monte et descend sur le sillon au rythme du son enregistré mais la grande surface de contact provoque un fort bruit de fond.
La technique d'enregistrement est alors modifiée pour aboutir au disque plat à enregistrement latéral (sur les côtés du sillon) dont les normes de fabrication génèrent le 78 tours/minute sans concurrent jusqu'en 1939. La qualité et la quantité étaient néanmoins limitées car on pouvait écouter 5 minutes de musique pour un 30cm sans pouvoir dépasser 5000 hertz.
Plus tard, c'est la qualité du support qui s'améliore avec des résines qui permettent de passer en 33 tours/minute, en 1939, tout en serrant les sillons (microsillons) pour passer de 5 à 26 minutes/

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il n'y aurait pas une inversion de date quant à la création de la société gravant des disques plats et l'arrêt de sa production ?

Mme Dusport a dit…

1900 arrêt de la prod... (heureusement qu'il y en a qui suivent...)