dimanche 25 octobre 2009

Big Joe Turner (cinquième partie)

Jumpin' Tonight

Début 1950, Big Joe Turner tourne au gré des contrats dans des clubs de Louisiane -Bâton Rouge et la Nouvelle Orléans- où il fait la connaissance de Frank Fania, propriétaire du New Drop Inn, qui l'embauche pour jouer dans son club ainsi que dans d'autres endroits. C'est tout naturellement que Big Joe Turner entre en contact avec Dave Bartholomew dont il adorait l'orchestre, ne manquant presque jamais leurs concerts.
Ils enregistreront deux singles pour le label Imperial, l'orchestre de Dave Bartholomew étant le groupe de sessions d'enregistrement attitré du label. "Jumpin' Tonight"/"Story to tell" ainsi que "Lucille"/"Love my baby" avec un certain Antoine "Fats" Domino au piano, seront néanmoins des échecs commerciaux cuisants. Big Joe va continuer à tourner, avec Lowell Fulsom et Pee Wee Crayton entre autres, puis remonte vers le nord.

C'est dans le nord que la carrière de Big Joe Turner va l'amener à son plus haut niveau de gloire à la faveur du contrat qu'il signe avec le label Atlantic des frangins Ertegun.
Comme Jimmy Rushing venait de quitter l'orchestre de Count Basie, celui-ci engage Big Joe pour une série de concerts à l'Apollo Theatre de Harlem mais le courant ne passe pas entre eux. Ertegun, qui connaissait Big Joe depuis les séances du Café Society, l'engage et Big Joe enregistrera régulièrement:
"Chains of Love", "Bump Miss Suzie", "Sweet Sixteen", "Poor lover's blues", "Still in love with you" en 1951 et 1952 avec "Piano man" Walls, Taft Jordan, Joe Morris et d'autres.

1953 le voit enregistrer "Honey Hush" et "Crawdad hole" avec Pluma Davis, Fats Domino puis "Oke-she moke-she pop" et "TV Mama" avec les Blues Kings comprenant Elmore James, Johnny Jones et Red Saunders.

vendredi 23 octobre 2009

Emission du 24 octobre

The Flare-Up: Tu kill a Puerto Rican
The Love Me Nots: The kinda love I got
Plasticines: Another kiss
Donnas: You make me hot (2009)
Donnas: You wanna get me high (2002)
Pearl Jam: Amongts the waves (2009)
Budam: Clap hands (2009)
Hell's Kitchen: Welcome Everybody (2009)
Bjorn Berge: Killing floor (2009)
The Experimental Tropic Blues Band: Goddamm blues
The Experimental Tropic Blues Band: Hippidy Hop
The Five Keys: Ling Ting Tong (1954)
The Coasters: Riot in cell block #9 (1954)
The Dubs: Don't ask me to be lonely (1958)
The Marcels: Allright, Okay, You win (1961)
Johnny Otis & the Robins: I'm through (1950)
Johnny Otis & Linda Hopkins: Doggin blues (1951)
Nellie Lutcher: Fine & Mellow (1947)
L. Armstrong & B. Holiday: My sweet hunk o'trash (1949)

dimanche 18 octobre 2009

Big Joe Turner (quatrième partie)

My gal's a jockey

Le contrat avec Decca expire fin 1944 et voilà Big Joe Turner, qui avait laissé son pote de toujours, Pete Johnson, suivre son chemin de son côté, qui signe avec National Records dès le début de 1945.
La première séance d'enregistrement pour ce label est dirigée par Herb Abramson qui, parallèlement, poursuit ses études à l'université de New York en vue de devenir dentiste. Sont présentes de vieilles connaissances telles que Frankie Newton à la trompette, Carlos "Don" Byas au ténor sax, Leon Ware à la guitare, pour graver "S.K. blues" (pour Saunders King, compositeur du morceau), "Johnson and Turner blues", morceau qui signe les retrouvailles en studio des deux compères, ainsi que "Watch that jive". Turner enregistrera sept singles pour National Records jusqu'en 1947. Un seul sera vraiment un hit: "My gal's a jockey".

National Records le laisse partir pour Alladin, un label indépendant basé à Los Angeles, sur Santa Monica boulevard, créé par les frères Eddie et Leo Messner, qui avaient d'abord appelé leur label Philo, avant d'en changer le nom en 1946. Ce label, jazz à l'origine, comptait dans ses rangs des artistes tels que Illinois Jacquet, Lester Young, Jay McShann et Billie Holiday mais passa, avec le changement de nom, à des artistes jump-blues tels qu'Amos Milburn ou Charles Brown qui avait quitté les Three Blazers de Johnny Moore en 1948.
Pendant un séjour à San Francisco, Big Joe Turner, toujours sous contrat avec Alladin, enregistrera "Around the clock blues" pour le label local Stag sous le nom de Big Vernon, avec Pete Johnson au piano (Vernon est son second prénom, rappelez-vous!). Mais malgré le rythme soutenu des sessions d'enregistrement, malgré l'arrêt de ceux-ci pendant 11 mois en 1948, encore une fois à cause de J.C. Pétrillo, Big Joe Turner vivotera, de contrats sur scène en contrats avec différents labels, enregistrant pour un label et vendant les enregistrements à un autre.

En 1947 sort "Battle of the blues", un duo avec Wynonie Harris, qui permetta à celui-ci de mettre un terme à son contrat avec National quelques mois avant Big Joe, qui, lui, sortira "Wine-o-baby", "Old Piney Brown is gone" et "Radar blues", entre autres, pour Swingtime.
Après MGM pour sa série "Ebony", ce sera la tournée des petits labels tels que Coast ("Born to gamble") fin 1948 et Excelsior début 1949 ("I don't dig it" et "Ooh Ouch Stomp") pour la côte ouest. La Louisiane du label Rouge (situé à Bâton Rouge, quelle originalité!) verra Joe Turner avec Joe Houston graver "Wish I had a dollar" et "Fuzzy Wuzzy honey". Puis un peu plus tard, fin 1949, direction le Texas et son label Freedom appartenant à Saul Kahl (qui lâchera le business de la musique pour investir son argent dans Shipley's Donuts). Cinq singles sortiront dont le premier, "Still in the dark", couplé avec "Adam bit the apple", connaitra un petit succès local, le système de distribution ne permettant pas une plus sérieuse répartition au niveau national.

dimanche 11 octobre 2009

Big Joe Turner (troisième partie)

Rock me Mama

Joe Turner signe chez Decca et enregistre le 11 novembre 1940 "Piney Brown Blues" avec le Hot Lips Page band (Don Bass au ténor, Pete Johnson au piano). Piney Brown était le manager du Sunset Club de Kansas City. Le disque se vendra à plus de 40000 exemplaires à sa sortie sous le nom "Joe Turner and his Fly Cats".

Pendant son contrat avec Decca, Joe Turner va enregistrer avec différents orchestres, accompagné par Willie "The lion" Smith au piano fin novembre 40, Art Tatum and his band en janvier 41 puis en juin pour "Lucille", "Rock me Mama", "Corrine, Corrina" et "Lonesome graveyard blues", Sam Price et Leon Ware en juillet pour "Nobody in mind" et "Ice man". Après ces sessions new-yorkaises, il s'envole pour Los Angeles, enrôlé par Duke Ellington qui produisait une revue "Jump for joy" sous-titrée "A sunTanned Revu-sical" au Mayan theatre de L.A.
Outre l'orchestre de Duke, le spectacle comprenait également l'actrice Dorothy Dandridge, l'acteur Wonderful Smith et le poète Langston Hughes. Cette revue entièrement black avait pour objectif de démonter les stéréotypes concernant les spectacles et revues de "couleur" en vogue à Broadway et Hollywood. Du 10 juillet au 27 septembre, ce spectacle sera l'un des premiers à semer les graines de ce qui deviendra, près d'une décennie plus tard, le mouvement pour les droits civiques. Et concernant Joe Turner, ce spectacle lui permit d'admirer celle qu'il adulait, Ethel Waters, qui jouait dans le théâtre d'à côté le classique de Broadway "Cabin in the sky".

Fin 1941 voit l'entrée en guerre des Etats-Unis . Big Joe Turner (car c'est à cette époque que Joe commence à se faire appeler Big Joe Turner) travaillera jusqu'à la fin des hostilités, enregistrant à Los Angeles avec Freddie Slack, se produisant sur scène quand l'interdiction d'enregistrer, initiée par James Caesar Petrillo, président du syndicat américain des musiciens, fut effective du 1er août 1942 à la presque fin de l'année 1943.
Mais toutes les compagnies avaient fait enregistrer à leurs artistes suffisamment de disques pour tenir durant cette période qui s'avéra très faste en terme de ventes, car le public avait besoin de distractions en cette période de guerre.

vendredi 9 octobre 2009

Emission du 10 octobre

NB: entre 14h et 15h, des places à gagner pour le concert de Charlie Winston (mercredi 14/10 au Bikini)

Phantom feat. Lio
: Ta cervelle est en grève mais ta grande gueule fait des heures sup' (12 octobre)
Plasticines: Bitch (9 novembre)
Scary Mansion: Over the week end (26 octobre)
Emily Jane White: Baby
Radio Moscow: 250 miles
The Parlor Mob: Dead wrong
Lynyrd Skynyrd: Southern ways
The Young Republic: Black duck blues (12 octobre)
Eamon McGrath: Cord of dogs (6 octobre)
Experimental Tropic Blues Band: Hipidi Bop
Mel Robbins: Save it
Cramps: Save it
Dean Carter: Jailhouse rock
Phil Gray: Bluest boy in town
Kip Taylor: Jungle hop
The Musical Linn Twins: Indian rock
Roy Brown: Mr Hounddog's in town (1953)
Roy Brown: Good rockin' tonight (1947)
Roy Brown: Caldonia's wedding day (1953)
Roy Brown: Hard luck blues (1950)

dimanche 4 octobre 2009

Big Joe Turner (deuxième partie)

Roll'em Pete

Pete Johnson et Joe Turner passent quelques mois à New York à partir de l'été 36, Hammond leur ayant trouvé un contrat au Famous Door ainsi qu'un concert à l'Apollo Theatre. Mais le retour à Kansas City est terrible car leurs rêves de gloire sont tournés en dérision par leurs proches. Vivotant tant bien que mal au Sunset Club, Joe Turner et Pete Johnson se contentent de quelques gigs çà et là. 1938 est une année charnière pour Joe et pour Kansas City.
Tom Pendergast, leader du parti démocrate à Kansas City depuis 1910, maire "off" de la ville , complètement corrompu, à la tête d'un réseau rassemblant magistrats, flics, businessmen, bref, tout le gratin, tombe pour corruption et fraude fiscale.

En mai 1938, Joe et Pete sont invités, par l'entremise de John Hammond, à participer au Benny Goodman's Camel Show, émission de radio qui cartonne. Plus tard dans l'année, Hammond les invite aux concerts "Spirituals to swing" des 23 et 24 décembre 1938 au Carnegie Hall de New York. Hammond voulait populariser la musique noire et présenta à cette occasion un large spectre -blues, boogie, rythm'n'blues, jazz- incarné par le Count Basie Orchestra, Albert Ammons, Meade Lux Lewis, le Golden Gate Quartet et Rosetta Tharpe, Ida Cox et Helen Humes.
Robert Johnson aurait dû être de la partie mais sa mort violente plus tôt dans l'année dans le Mississipi l'empêcha de participer à l'événement. Il fut remplacé par Big Bill Broonzy.

Ces concerts seront déterminants pour la carrière de Joe Turner; lui et Pete Johnson sont logés dans le même hôtel que Meade Lux Lewis et Albert Ammons, pianistes reconnus de boogie woogie (mais pas que!). Ils fraternisent et créeront les Boogie Woogie Boys. Turner se voit proposer un contrat et enregistre son morceau fétiche "Roll'em Pete" couplé avec "Going away blues" le 30 décembre 1938.

Le feu d'artifice continue dès le début de l'année 1939. Un vendeur de chaussures du New Jersey (Barney Josephson) investit quelques milliers de dollars, associé à Benny Goodman et Willard Alexander, et ouvre le Café Society à New York, dans Greenwich Village. Le Boogie Woogie Trio avec Joe Turner fait l'ouverture du Café Society le 4 janvier en compagnie de l'orchestre de Francis Newton et de Billie Holiday ("Joe Turner just killed them" dit-elle dans "Lady sings the blues").

Joe Turner jouera jusqu'en 1941 de manière régulière au Café Society. Lui qui gagnait (officiellement) 3$ par soirée au Sunset Club de Kansas City voit son salaire grimper de 40$ la semaine à 250$. Durant cette période, il enregistre, lors de nombreuses sessions, des morceaux tels que "Cherry Red", "Café Society rag", "How long how long blues" avec l'orchestre de Benny Carter comprenant Coleman Hawkins au ténor sax, "Joe Turner blues", "écrit" par W.C. Handy (et déjà enregistré au milieu des années 30 par Milton Brown).

samedi 3 octobre 2009

Madeleine Peyroux

Madeleine Peyroux - Bare Bones - Decca

Après "Dreamland" (1996), "Careless Love" (2004) et "Half the perfect world" (2006), soit trois albums excellents, sans faute de goût, Madeleine Peyroux nous gratifie là d'un "Bare Bones" tout simplement jouissif.

Pas d'exercice de style sur des reprises du répertoire classique de la chanson française ou des standards de la musique américaine mais onze compositions qui démontrent si besoin était que Madeleine Peyroux a atteint (c'était déjà le cas sur quelques compositions antérieures) une maturité, une plénitude qui rendent ce disque magnifique.
Aidée par un groupe de musiciens habiles, fidèles depuis des années (surtout depuis "Careless love") la mayonnaise prend si bien qu'on a peine à dégager un morceau du lot, tant l'excellence est au rendez-vous.

Très fortement recommandé.

Site officiel.

(en concert à Toulouse le 9 novembre)

vendredi 2 octobre 2009

Lynyrd Skynyrd

Lynyrd Skynyrd - "God and guns"

C'est un sentiment contrasté qu'inspire l'écoute de ce nouvel album de Lynyrd Skynyrd. Étant donné les changements de line-up imposés par des décès des membres originels, on a pu assister à la mutation de ce groupe de rock sudiste mythique puis à sa désagrégation pendant les années 80-90.
Ils sont de retour, en 2009, avec un seul rescapé des origines, Gary Rossington, dernier des mohicans, épaulé par Johnnie Van Zandt, petit frère de la figure emblématique du groupe, Ronnie, explosé dans un crash d'avion en 1977.

Sentiment contrasté parce-que musicalement, c'est toujours un bon vieux rock sudiste digne des meilleurs morceaux de Lynyrd Skynyrd, mais en ce qui concerne les paroles, ça se gâte un peu.
Me faisant l'avocat du diable, je dirai que sudiste un jour, sudiste toujours, avec en plus un 11 septembre qui a laissé énormément de traces, même dans des endroits où New York est méprisée, honnie, considérée comme une cosmopolite débauchée.
Car, et c'est flagrant sur les titres qui nous parlent du bon vieux Sud, de ses traditions et des pionniers, ce patriotisme exacerbé ne trouve même pas de second degré, de distance. Plein la gueule et si t'es pas heureux, retourne dans ton pays. Écouter "This ain't my America" ou la chanson-titre "God and Guns" donne envie de se procurer l'instrumental pour ne pas avoir à se fader ces ritournelles bouseuses qu'on croyait en bonne voie de disparition. Mais, et c'est vrai dans d'autres domaines que la musique, les fondamentalistes ne baissent jamais les bras, alors prenez ce disque pour ce qu'il est, un bon Lynyrd Skynyrd qui fait regretter le bon vieux temps de Ronnie, d'Allen et des autres.

Et comme thème sous-tendu dans pas mal de chansons de l'album, "C'était mieux avant", apprécions la mise en abîme que provoque "God and Guns".