mardi 24 août 2010

Le banjo

Ceux qu'on ne peut pas omettre de mentionner: le banjo et le jazz.




Il y a évidemment un certain nombre de banjoistes renommés dans le jazz et ce qu'on appelle la "folk music" (bien que depuis les origines il est question de la musique du peuple). En ce qui concerne le jazz naissant, tordant une fois de plus le cou à une idée reçue, si des enregistrements de banjo fin XIXème étaient "protojazz" (ragtime) c'était comme cité plus haut pour une question de technique d'enregistrement. Et tous les orchestres de jazz naissant, du moins une grande majorité, n'auront aucun banjo dans leur line-up, y compris les groupes que l'on appelle trop facilement Dixieland.


Il faut attendre les années 1920 pour voit apparaitre l'instrument, encore une fois plus pour une question d'audibilité (concerts en plein air, enregistrements) que pour un souci de cohérence artistique, la guitare ou la contrebasse se chargeant de la section rythmique des orchestres. Mais l'instrument utilisé pour ceux-ci est délesté de sa 5ème corde car il ne sert qu'à la rythmique. Et, toujours pour des questions de racisme, les jazzmen noirs hésitent ou délaissent le banjo encore connoté trop négativement car les ménestrels et les medicine shows sont encore un peu vivaces dans ces années-là.


Ce sont surtout des guitaristes qui utilisent également le banjo pour quelques sessions ou certains concerts. Johnny St Cyr avec le Hot Five de Louis Armstrong, Lorenzo Staulz avec Buddy Bolden et Kid Ory, Narcisse "Buddy" Christian avec pratiquement toutes les chanteuses de l'époque 1920-1930 dont Bessie Smith et Alberta Hunter sans oublier Bud Scott avec King Oliver de 1923 à 1926.

Elmer Snowden, né en 1900, apprend à jouer de la mandoline puis de la guitare avant de se mettre au banjo-mandoline pour jouer dans la rue dès l'age de 12 ans. A 21 ans il fonde son propre groupe, les Washingtonians, qui verront passer dans leurs rangs Duke Ellington (qui remplace Fats Waller "défaillant") qui en profitera d'ailleurs pour le virer plus tard et prendre la direction de l'orchestre. Ses autres groupes mettront le pied à l'étrier d'autres débutants tels que Benny Carter, Jimmie Lunceford, Chick Webb, Count Basie et Rex Stewart.

Eddie Condon est aussi blanc qu'Elmer Snowden est noir. Natif du sud de Chicago, il apprend l'ukulele, très en vogue à l'époque, puis le banjo. Il rencontre Bix Beiderbecke en 1924 puis jouera plus tard avec Red Nichols, Mezz Mezzrow en 1928, Louis Armstrong et Fats Waller en 1929, Bud Freeman, Roy Eldridge et Bunny Berigan au début des années 30 tout en jouant en concert et en enregistrant avec ses propres combos montés por l'occasion. Eddie Condon, à l'instar des Benny Goodman et autres Glenn Miller (quoique! concernant ce dernier...), sera un fervent défenseur de la mixité dans les orchestres, chose assez rare et couillue pour l'époque.

Citons aussi Fred Guy, sa carrière particulière dans un seul orchestre, celui de Duke Ellington où il jouera du banjo et de la guitare pendant 22 ans. Et tant qu'on y est citons également, plus pour faire mousser le banjo qu'autre chose, Django Reinhardt, Jean Baptiste de son prénom qui apprit les bases de la guitare en copiant d'oreille les guitaristes de sa tribu avec son banjo-guitare car sa mère n'avait pas assez d'argent pour lui acheter une vraie guitare.

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