lundi 5 décembre 2011

Bob Wills (5)

"Prosperity special"

Les Texas Playboys travaillent dur, six jours par semaine, deux soirs dans le même ballroom à Tulsa et quatre autres soirées au gré des engagements, se farcissant plusieurs centaines de miles pour rallier les lieux de concert. Malgré ce rythme frénétique l'entente est excellente entre les musiciens malgré le caractère difficile de Bob dû à son penchant pour la bibine car, outre l'aspect financier, le public est une très bonne source de motivation. Bob Wills en tant que patron et chef d'orchestre arrive à maintenir l'émulation et la cohésion en variant les prises de solo durant les morceaux.

Vers la fin des années 30 ils sont le big-band (d'après le chef du jazz sur France musique, à partir de onze musiciens on dit big-band) le plus connu et le plus populaire de tout le Sud-ouest. Bob achète une grande propriété à Tulsa pour y loger toute sa famille, aménage un local pour que le groupe puisse y répéter. La maison surnommée "Big House" permet même aux familles des musiciens d'y loger quand ceux-ci sont en répétitions.

Il n'y aura pas d'enregistrement en 1939 mais, à posteriori, cela s'avèrera bénéfique car la session d'avril 1940 restera comme étant l'une des meilleures de la carrière de Bob Wills.

Un des premiers morceaux qu'il avait enregistré,"Spanish Two-Step" plaisait tellement à Art Satherley que celui-ci lui demanda, lors de la session de 1938, de jouer un morceau dans la même veine. Bob joua le morceau à l'envers et ça donna "San Antonio Rose" que malheureusement Wills oublia de déposer au copyright. Ce morceau dépassa en popularité la sphère western-swing et un certain Irving Berlin (le compositeur de l'hymne officiel américain, Israël Baline de son vrai nom d'immigré juif russe) émit le souhait de publier le morceau à New-York.

Lors de cette session de 1940, dix-huit musiciens (record pour les Texas Playboys) enregistrèrent "New San Antonio Rose" pour que Wills puisse déposer le copyright et donc pouvoir vendre le morceau à d'autres interprètes. L'original sera l'un des grand "tubes" des Playboys qui gravent également "Corrine, Corrina" avec Bob Wills au chant, "Big Beaver" que Wills avait entendu fredonner par un esclave noir dans les champs de coton."New San Antonio Rose" sera classé dans les charts pop, grimpant jusqu'à la onzième place, battu par Bing Crosby qui en fit une reprise.

Durant l'été 1940, c'est le cinéma qui fait apparaître les Texas Playboys sur grand écran par l'entremise de Tex Ritter, autre countryman célèbre de cette décennie qui vient de s'achever, qui réalise le film "Take Me Back To Oklahoma".
le groupe est à présent visible par de nombreux fans qui, jusqu'à présent, ont du se contenter de photos et de disques.

Néanmoins, les studios imposent un line-up réduit, Bob Wills apparaissant aux côtés de Johnny Lee (son frère), Leon McAuliffe, Eldon Shamblin et Wayne Johnson. C'est l'occasion des premiers accrocs dans l'union sacrée entre les membres des Playboys, ceux laissés de côté laissent poindre rancoeurs et jalousies aussi bien artistiques que financières.

La présence scénique de Bob Wills est assez limitée du point de vue strictement cinématographique, ses talents d'acteur également. Mais le business étant ce qu'il est, il apparaîtra dans une flopée d'autres films, des westerns bien sur: "Go West Young Ladies" avec Glenn Ford (et les Texas Playboys au complet pour une fois). Durant la seule année 1942 "A Tornado In The Saddle", "The Lone Prairie", "Silver City Raiders", "The Vigilante's Ride", "The Last Horseman" et quelques autres sont tournés et projetés en salle, consolidant l'image du Bob Wills "western" alors que sa musique en est finalement assez éloignée de par ses arrangements swing "jazzy dixieland blues" ainsi que par la composition de son orchestre (cuivres, batterie); Bob Wills est plus swing que western malgré le costume, portant Stetson, chemises à franges et bottes de cow-boy.


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